« You know I’m no good» in Back to Black, Amy Winehouse, 2007.

Un de ces week-ends de province. Retour. À ma bulle, mon cocon d’enfance bourgeoise au passé.

Je suis sur mon vélo, je pédale au vent, j’essaye d’inspirer posément dans ce pays où les deux roues n’ont jamais eu besoin de suffixe pour proposer liberté. Je me dis aussi que toute cette bouffe que je viens d’ingurgiter en deux jours est tout à fait indigne de mon chagrin d’amour. Il y a bien des préceptes au chagrin d’amour. Comme pour l’amour, le chagrin d’amour a ses règles, il ne faut pas rater son chagrin d’amour, il contient encore l’amour entier mais surtout une part d’amoureux à adorer. Le chagrin d’amour c’est encore l’amour. Je pédale, je pédale.

Et A apparaît au tournant d’une rue, dans les méandres de mon domaine passé présent. Surgit de l’antérieur. Surgissent derrière mes lunettes noires toutes nos tendresses passées. C’était tout doux, sans douleur potentielle. Il m’a reconnue bien sûr malgré les mouches et les années. Il a pas bougé, flegmatique il attend. Rien. Je suis passée. Dépassé A. Ou pas, je renverse la tête je reviendrais à la case, j’épouserais un médecin de province, une certitude sans contingences. Je viendrais me reposer ici, me réenterrer définitivement, là où on peut respirer, là où je ne tombais pas amoureuse de la canaille parigote à en crever. Ici l’air était moins propice à ma fantasquitude. Un plat pays qui matait mes fictions romantico-romantiques.

Je suis passée, je me suis délavée toute seule, je déteins même plus. J’aurais pu, du être plus forte.

Et puis A.

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